L'Amant, Marguerite Duras

J'ai toujours détesté les dernières pages. Je n'aime pas terminer un roman.

Je viens de fermer pour toujours ma première lecture de L'Amant de Marguerite Duras. Et, comme toujours, en tout cas pour l'instant, avec Duras, je suis comblée.

Le récit est décousu, le fil de la mémoire de la narratrice se perd en détails et épisodes marquants ou non.

Un peu comme dans Enfance de Sarraute, mais pas vraiment.

Il s'agit aussi ici d'un récit aux accents autobiographiques qui, de même, ne s'échine pas à suivre une chronologie stricte. L' « histoire » a bel et bien un début et une fin mais elle se trouve entrecoupée de nombreux épisodes qui viennent l'assaisonner par endroit. Il n'y a cependant pas de dialogue entre la narratrice et elle même. Il n'y a pas de chapitres non plus, seulement des paragraphes qui parfois sont séparés d'un saut de lignes plus grand. La narratrice change parfois du « je » au « elle » sans toutefois nous perdre complètement.

Cet amant est central sans être omniprésent. D'autres épisodes entourent celui de leur aventure sans pour autant l'effacer. Tout s'imbrique dans un méli-mélo d'instants, de souvenirs.

Aussi sommes-nous happés dans un monde inconnu, lointain dans le temps et l'espace, l'Indochine des années 1930. Les sensations que nous pourrions y rencontrés sont décrite avec une justesse déroutante. L'on serait presque attentif au bruit d'un éventuel moustique autour de nous.

J'ai emprunté le livre à la bibliothèque et deux passages ont été encadrés par des repères au crayon. La première scène d'amour et la toute fin. Ces crochets, comme toujours, influencent ma lecture. Qui les a mis là ? Pourquoi ? Etait-ce pour un commentaire en classe ? Et si je me faisais mon petit commentaire ? Ma concentration se retrouve toujours décuplée face à ces mots mis en valeurs, choisis, entre deux petits traits.

Je l'achèterait cet été pour le relire et, moi aussi, l'envahir de traits et d'étoiles.

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