Oraison

Ton jardin te pleure, vieillard ! Te voilà parti pour de bon. Légumes et herbes aromatiques geignent chacun dans leur coin la perte de celui qui se tenait toujours bien droit parmi eux. Tu semblais immuable, solide, immortel ! La vie s'est retirée de ce carré de terre sur lequel tu veillais si bien. La vie s'est retirée des petits bonshommes qui en parsemaient tous les recoins. Leurs barbes flétries par la peine pendent à leur menton presque tremblotants. Ils ne tiennent plus si bien leurs pelles et brouettes. Tu étais leur ami à tous, aux plantes, aux personnages de céramique et même aux oiseaux qui avaient pourtant si peur de toi. Le jardin tout entier pleure ta perte et la vieille qui t'avais tant aimé se sent bien seule, dans ce jardin que tu as abandonné. Tu étais ce qui donnait son charme à la terre grise, le gardien de ces lieux, le plus bel épouvantail que le vent ait brisé.

Retour à l'accueil